Evil Dead : Rendons à César ce qui appartient à César !

Maintenant, je sais ce qu’est un film d’horreur ! Il y a quelques mois, j’ai vu Evil Dead. Le tout nouveau. Tout propre, bien filmé, à la photographie captivante mais aux personnages neuneus et pas très futés. Et puis hier soir, je me suis dit, merde, faut quand même que je visionne l’original, bien plus populaire et reconnu, histoire de me faire une idée plus « objective ».

Du remake, la seule véritable ressemblance est logée dans la bêtise et l’apparente niaiserie des personnages. Tout du moins au début. Car si leur personnalité n’est pas fort développée, on comprend très vite à quel genre de personne l’on a affaire. Poule mouillée de service, rigolo qui ne prend rien au sérieux, l’amant un peu paumé qui ne sait jamais vraiment comment réagir, etc. Mais qu’importe. Les minutes s’écoulent, les individus tombent les uns après les autres, transformés en zombies, ou en tout cas en choses esthétiquement repoussantes et psychologiquement stressantes, avec leurs rictus malsains au possible et leurs tronches de déterrés, souriant à s’en déboîter la mâchoire. Et c’est lorsqu’il n’en reste qu’un que la dimension psychologique du personnage est un tant soit peu exploitée. On le voit céder à la panique. Hésitant, perdu, hagard. Jouissif mais angoissant, car nous perdons nous aussi nos repères en tant que spectateurs.

Evil Dead Affiche

Une soirée entre potes un peu molle, la trilogie Evil Dead va réveiller la chaumière !

Evil Dead, c’est une réalisation hors-normes. On sent dès le départ le micro-budget, pourtant, diable ce que c’est efficace. Sam Raimi semble nous guider du bout du nez là où il faut (ou pas, pour nous prendre par surprise) par l’intermédiaire de flous. Oui… un plan est flou ? L’action est probablement ailleurs, au plan suivant. Prenez garde. Le cœur s’agite comme une marmite, dans l’attente et la crainte du pire.

Les couleurs qui évoquent bien le caméscope de vacances en début de film virent vers la saturation, le criard au fur et à mesure que l’horreur tisse sa toile. Et l’horreur est très bien mise en scène. Ça fleure bon l’expérimentation, on sent les trois spots de lumière sortis à 23h pour éclairer une nana hystérique qui court dans les bois (pour reprendre une phrase lue dans une autre critique). On sent l’aspect viscéral induit par le stop-motion, très efficace. En clair, les effets spéciaux et les maquillages sont de très bonne facture, même plus de 30 ans après la sortie de cet ovni. Et que dire de la bande son ! Accompagnant parfaitement l’action et le suspense, les bruitages ne sont pas en reste et sont remarquablement réussis, glauques, effrayants et surprenants à souhait.

Bruce Campbell

J’ai des arguments à faire valoir !

Jamais je n’ai palpé tant de tension dans un film d’horreur. Jamais je n’ai autant sursauté. Jamais je n’avais été si dégoûté par de la pâte à modeler Playdo arrosée de ketchup et de lait filmée en stop-motion.

Merci Sam Raimi, maintenant, je sais à quoi ressemble un véritable long-métrage flippant et horrifiant. Et je sais pourquoi la majorité des personnages des films d’horreur actuels sont aussi niais. À force de copier la référence sans en maîtriser les rouages, les profanateurs se ridiculisent plus que toute autre chose.

Doctor Psychotropic

Retrouvez-le sur son blog : cliquez ici

Crédit de une : arte.tv

Doctor Psychotropic

J'erre entre les molécules et les espaces acculés, cliniques, hôtels, appartements solos de vingt mètres carrés. Pour palper mes os et me sentir exister.

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