Kelly est jeune et mélancolique. Elle nous raconte son histoire plutôt cocasse. Tout cela en plusieurs épisodes !
Ah la première rencontre ! Ce premier échange ! Nous avions choisi la spécialité cinéma et étions tous deux passionnés par le Seigneur des Anneaux. Franck m’interpella de la plus belle des manières : « J’ai en ma possession la réplique exacte de l’Anneau utilisé dans le film et je suis sur le point de faire l’acquisition de l’épée d’Aragorn ».
Je trouvais ça « trop cool ». Nous sommes devenus amis, puis il y a eu le Christmas Time où l’on décida de passer à l’étape supérieure. Il ne me plaisait pas tant que ça, mais je me sentais seule et son côté bout en train était sympathique, donc pourquoi pas, après tout. Nos lèvres fusionnèrent dans un salon de thé entre deux bouffées de narguilé saveur pomme. Après une nuit blanche à son actif, j’avais senti qu’il n’était pas très frais. Mais bon, c’était nouveau. Mes yeux étaient emplis d’étoiles, c’était magique, peut-être l’homme de ma vie.
Pour le Réveillon, en grande romantique, je rêvais de recevoir un véritable baiser hollywoodien. Malheureusement, il n’est pas venu car sa mère ne voulait pas qu’il sorte. Cela dit, je n’ai jamais vraiment cru à cette excuse. Malgré tout, je fis jouer la concurrence. Un homme de huit ans mon aîné, passa la nuit dans ma couche. Et dans l’autre chambre, un ami homosexuel s’envoya en l’air avec son mec.
J’ai donc attendu la rentrée avec beaucoup d’impatience pour retrouver ce cher Francky, car nous serions amenés à nous croiser souvent. QUE NENNI. Il m’envoya un message, le lundi, pour qu’on se retrouve à la pause de 10h à l’entrée des toilettes des filles, l’endroit le moins fréquenté du lycée. Nous sommes restés quelques minutes ensemble devant l’antre de la pisse avant que la cloche ne sonne. C’était notre nid d’amour hebdomadaire. Au fil des semaines, j’acceptais cela contre toute attente. Mes sentiments grandissaient, je rêvais et fantasmais sur son côté si mystérieux et discret.
Pour la Saint Valentin, je l’ai invité chez moi pour qu’on passe enfin un vrai moment ensemble et accessoirement notre première nuit… A mon plus grand bonheur, il accepta. Nous étions tellement stressés qu’aucun des deux n’osa faire le premier pas. Nous avons regardé des téléfilms médiocres une bonne partie de la nuit avant de concrétiser notre « idylle ». Je me suis demandée à cet instant si c’était un puceau peureux ou un baiseur aguerri. Malheureusement la réponse ne se fit pas attendre. Après de brefs préliminaires où mon partenaire jouit assez vite, nous avons décidé d’explorer d’autres horizons mais il n’arrivait plus à bander. Déçue, frustrée, vexée, je me suis couchée. Il fit de même mais fut crédité le lendemain d’une note rarissime dans Dorcel Magazine (1.5/10).
Puis le train-train quotidien continua. Jusqu’à ce fameux lundi où je l’aperçus devant le lycée alors que la foule nous entourait. Une fille lui tenait le bras. Je l’appelle mais aucune réaction, il feint de ne pas m’entendre, alors j’insiste. Finalement, il se retourne, me dévisage d’un air gêné, s’avance d’un pas peu assuré et peu rassurant, enfile sa capuche, me bisouille du bout des lèvres, se retourne, enlève sa capuche et repart offrir son avant-bras à cette vile femelle dont je n’ai jamais su le nom d’ailleurs…
De battre mon cœur s’est arrêté (non non, ce n’est pas un hommage à Romain Duris). J’ai vécu l’intégralité de cette séquence au ralenti, dévastée. Le ciel s’obscurcit, l’Enfer de Dante en live face à un portail rouillé, j’étais souillée et mouillée, il pleuvait. Tout ce que je ressentais, c’était de la colère. Ma vie défilait, je me remémorais ces semaines d’humiliations où il m’a cachée comme une impure, un rebut qu’on sort au Flunch. J’avais idéalisé ce traître dans mes fantasmes et rêves les plus fous. Dans un acte ultime de désespoir, j’ai dégainé mon téléphone avec un sms de circonstance : « Tu me dégoûtes. Oublie moi. » Après tout, je me mettais à la hauteur de sa lâcheté et de son mépris. Pas de réponse. J’ai attendu encore et encore qu’il revienne, en vain.
Quelques jours plus tard, je pris part à un festival de ciné avec le lycée. Je savais qu’il serait présent. Allait-il tenter une ultime approche ? Comble du désespoir, humiliation gargantuesque, j’ai assisté à l’avant-première (en première loge en prime) de ses séances de massages sensuels sur de jeunes femmes très belles. Monsieur régnait en coq sur le harem. Il passait délicatement sa main dans les cheveux de cette volaille. Pourquoi ne l’avait-il jamais fait avec moi ? Ne pouvant en supporter davantage, les larmes sont montées en un flot ininterrompu. Je ne pouvais les retenir.
Plusieurs mois après, je lui annonce que j’ai rencontré quelqu’un. Lui aussi. J’apprends que sa nouvelle copine refuse de s’adonner à la coucherie. De mon côté, je m’ennuie dans ma relation car le nouvel étalon n’a pas envie de moi. Nous nous retrouvons chez lui pour boire un café et celui-ci dégaine subitement une tirade venue d’un autre temps. Il me demande si on peut coucher ensemble pour qu’il puisse « soulager » ses tensions. Je me dis qu’il a dû progresser, peut-être même a-t-il atteint le rang d’amant hors pair, couronné par Casanova lui-même. Je voyais cela comme une revanche sur le passé. « D’accord » est le seul mot qui se fraya un chemin vers ses tympans pétillants de plaisir. Son regard s’illumina, le corbeau abattit son fléau sur mes muqueuses. « Bon, vu que c’est entre nous, pas besoin de préliminaires, hein? » Un brin plus hésitante que la première fois, j’acquiesçais. Un tantinet choquée par cette réplique, je pensais que s’il n’était pas fan des préliminaires, il devait bien compenser cela par la suite. Un frisson me traversa les tripes quand je vis sa main armée d’une capote, fraîchement sortie de son jean. Il retira son pantalon illico presto sans prendre le temps d’enlever son t-shirt à la manière d’un chippendale. Il souleva ma jupe et me demanda d’ôter ma culotte. Après avoir mis le préservatif, il commença son instant « spéléo », la séance de « sexe » la plus étrange, et accessoirement, la plus courte de ma vie.
Pour faire court, il utilisa mon vagin pour se branler avec de curieux va-et-vient. 3,5 secondes plus tard, il s’endormit fier comme un gueux belliqueux. Je n’imaginais pas qu’il pourrait être si rustre et précoce. C’était comme voir la lumière au bout du tunnel. Après ça je ne l’ai plus jamais regardé de la même manière. Et les étoiles brillèrent de nouveau !
Doctor Paper
Crédit une : Manga Monde
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