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Jurassic World ou le massacre du chef d’œuvre de Spielberg

Après quatre longs métrages sur ces attachants animaux âgés de plusieurs millions d’années, la série des « Jurassic » semble définitivement avoir perdu tout son charme. Le dernier volet de la saga : « Jurassic World » le démontre, retour sur cet épisode navrant du 7e art.

Plus de 20 ans après le premier volet des Jurassic Park, les studios Universal, Amblin et Legendary s’associent pour réaliser Jurassic World, dernier volet (du moins on l’espère) d’une saga incontournable du cinéma contemporain et des productions hollywoodiennes. Les effets spéciaux en images de synthèse sont renversants, les scènes d’actions assez haletantes, et le potentiel comique inattendu, tant le scénario frise le ridicule. Attention la suite de l’article contient de nombreux spoils.

Synosupplice

22 ans après la création de « Jurassic Park », un nouveau centre d’attraction ouvre enfin ses portes au public : « Jurassic World ». Zach et Gray Mitchell, deux adolescents s’y rendent. Ils sont les neveux de Claire Dearing, l’une des administrative du parc, également championne du monde et recordwoman absolu du sprint en talon haut. Les deux jeunes gens y découvrent un monde merveilleux rempli de dinosaures, terrestres ou marins, carnivores ou herbivores. Pour rappel, dans le scénario original, les dinosaures sont fabriqués en laboratoire à partir d’extraits d’ADN récupéré dans des fossiles de moustiques. Partant de cette logique, il faudrait comprendre comment l’ADN d’un mosasaurus, énorme animal marin carnivore a pu être copié… C’est bien connu, les moustiques sont d’excellents nageurs.

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Quoi qu’il en soit, les attractions semblent plaire aux jeunes gens, mais au même moment, « l’Indominus Rex », énorme animal de 15 m de haut, génétiquement modifié et nouvelle attraction du Parc parvient à s’échapper de son enclos ultra-sécurisé. Ce dinosaure, a été totalement créé en laboratoire à partir de l’ADN de Velociraptor, de Giganotosaurus, de crapauds exotiques et sans doute une centaine d’autres espèces. Oui, l’Indominus Rex semble être le fruit de la réflexion de Dr Maboul et Dr Foldingue. En parallèle, le héros Owen Grady, que nous surnommerons Action Man, tente de dresser des velociraptors pour leur apprendre à faire des tours. Ce qui ne semble pas plaire à un capitaine d’armée qui souhaite les transformer en machines de guerre. Malgré ces quelques détails, jusqu’ici, tout va bien. Le début du film est même prenant et le suspense est bien ficelé.

Jurassic World 3

Email diamant, la magie du blanc !

Jusqu’à ce qu’une opération pour éradiquer l’Indominus Rex est alors lancée. En première ligne, les vélociraptors sont envoyés pour traquer l’animal qui a réussi à ne faire qu’une bouchée d’une escouade de soldats surentraînés sans parvenir à rattraper les deux adolescents Zach et Gray. Pendant ce temps-là, le parc d’attraction, exposé à un grand danger n’a toujours pas été évacué. Jusqu’à ce moment magique où, les soldats accompagnés des raptors se retrouvent en face de l’Indominus Rex. Les dinosaures commencent à tailler la bavette sous les yeux médusés d’Omar Sy, le meilleur pote d’Action Man, dans le rôle de « Doudou dino ». La suite du film est un grand n’importe quoi. Action Man parvient à raisonner ses amis velociraptors et les envoie attaquer le gargantuesque carnassier. Eux-mêmes sont soutenus par un T-Rex, commandé par Claire Dearing, chaussée de talons hauts et habillée d’une robe blanche toujours intacte après une heure passée à se rouler dans la boue. On n’attend plus que Godzilla, Superman ou Denver le dernier dinosaure ne se joignent à la partie. Finalement, l’Indominus Rex est avalé tout cru par le mosasaurus. A la fin du combat, les velociraptors et le T-Rex se saluent cordialement et reprennent leur chemin sans se soucier des quatre protagonistes qui se cachent à quelques mètres de là. L’île où se trouve le Parc est finalement entièrement évacuée, les adolescents sont en bonne santé et Action Man finit avec Claire. Clap de fin.

Où est passée la pédagogie ?

En plus du scénario digne de nanarland, qui nous questionne sur la consommation de Rick Jaffa, Derek Connolly, Amanda Silver et Trevorrow, le nouveau volet de la saga semble avoir perdu toute sa valeur éducative. Il y a vingt ans, le spectateur aurait été capable de citer facilement une dizaine d’espèces de dinosaures et en exposer ses caractéristiques en sortant de la salle obscure. Bien que fictif et divertissant, le premier volet présentait des faits paléontologiques, fruits d’années de recherches scientifiques. Une sorte de synthèse ultra rapide dont Spielberg avait le secret. Aujourd’hui, le sensationnel et le spectaculaire ont pris le pas sur cet aspect du concept « Jurassic Park ». Dans la démesure des effets spéciaux et la recherche du sensationnel, les producteurs, dont Steven Spielberg, en ont oublié cette valeur importante qui a garanti le succès des premiers films. Apprendre en s’amusant ont toujours fait la paire.

Dans Jurassic World, aucune espèce n’est citée ou presque, bien que le jeune Gray Mitchell semble calé sur le sujet. La répartition entre les espèces carnivores et herbivores semble plus que tronquée, car oui il est compliqué de réaliser des scènes d’action avec des gentils mangeurs de plantes. Et si le film tend à dénoncer l’esprit cupide de l’humain et sa recherche de créer toujours plus grand et plus fort, le film, en tant qu’entité artistique en est la parfaite illustration. Assez paradoxal n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, pour en apprendre plus sur l’ère du Trias, du Jurassique ou du Crétacé (les trois périodes du Mésozoique), la rédaction vous conseille le téléfilm documentaire « La marche des dinosaures », de Matthew Thomson. Bien moins impressionnant et extraordinaire, mais tellement plus vrai !

Doctor Lamagouille

Crédit de une : onemillionframes.com

Doctor Lamagouille

Jeune JRI et journaliste écrit, et photoreporter. A la fois sérieux et déconneur... chercheur reconnu au CNRS de pépites musicales et cinématographiques. Lamagouille est un gros mangeur de pâtes, passionné de la vie sexuelle des lamas et réalise une collection de timbres datant d'avant 1859.