Hellraiser : promotion sur les clous chez Leroy Merlin

Dans la liste des films d’horreur aux assassins célèbres, je demande Hellraiser !

Si la figure de Pinhead (doux nom, n’est-il pas) vous revient certainement, le film vous a peut-être échappé : Freddy Krueger, Hannibal Lecter et Leatherface étant des vilains plus répandus; probablement la faute à une psychologie en retrait du personnage phare, si on le compare avec d’autres membres du panthéon horrifique. Les qualités du long-métrage de Clive Barker se situent donc ailleurs.

On notera d’entrée de jeu une réalisation intelligente, tirant parti de grandes références sans pour autant tomber dans des mécanismes totalement désuets. Exemple répandu : un groupe d’amis isolés dans une maison abandonnée à mille lieues de la civilisation, décidant à l’unanimité de se séparer en pleine nuit alors que des démons rôdent. Hellraiser joue néanmoins la carte des coups de violon, destinés à  faire sursauter le spectateur. D’un point de vue scénaristique, il faut admettre que le début (un sacerdoce à l’amorce des joyeux événements) est tout à fait banal : un couple emménage dans une vieille maison.

Hellraiser 2

Où sont les vestiaires s’il vous plaît ?

Mais les fondations du film sont teintées d’occultisme, principalement pour la boîte-puzzle ouvrant des portes vers un monde ténébreux. Un univers où plaisir et souffrance s’entremêlent et se confondent. Une sphère horrifique aux accessoires et aux matières sadomasochistes, aux personnages tous de cuir vêtus, aux visages ou aux corps mis à mal par des ustensiles propres au lifting. On assiste à une ambiance glauque aboutie , accompagnée d’effets spéciaux et de maquillages terriblement réussis.

Barker exhibe la métamorphose de Frank, déchiré par les Cénobites dès les premières minutes, pour mieux revenir à la vie dans une scène viscérale et repoussante. Plus concrètement, « dans la peau » d’un squelette aux fluides dégoulinants et à la chair fondue. Cette scène évoque les transformations spectaculaires héritières du cinéma de David Cronenberg, telles que La Mouche ou Vidéodrome. Le réalisateur travaille et expose cette problématique de la chair par le biais d’un principe simple diablement efficace. Afin de se recomposer, retrouver ses veines, son sang, ses artères, le dessin de sa peau, et en finalité une nouvelle enveloppe corporelle, Frank doit « se nourrir » d’hommes. Mais dans sa faiblesse juvénile, il lui faut une partenaire. Une partenaire déjà connue, avec qui il a déjà entretenu des rapports : sa belle sœur. Dans la chaleur des souvenirs orgasmiques passés avec son beauf, elle va succomber au désir de le retrouver et mettre en place une stratégie de séduction afin d’attirer des hommes-proies; le tout dans le dos du mari qui, bien évidemment, ne se doute de rien et continue de faire bonne figure jusqu’à la fin.

Ainsi nous assistons aux différents stades de la métamorphose de Frank grâce à des références pertinentes. Le sang n’est pas versé pour le plaisir du sang à proprement parler (phrase surlignant une dichotomie entre les attraits des protagonistes et la forme du film, soyez-en conscient). Le fluide rougeâtre met plutôt en valeur une orientation originale du long-métrage permettant à Hellraiser de se démarquer de ses acolytes de l’horreur.

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Crédit de une : cinehorizons.net

Doctor Psychotropic

J'erre entre les molécules et les espaces acculés, cliniques, hôtels, appartements solos de vingt mètres carrés. Pour palper mes os et me sentir exister.

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